vendredi 6 mars 2015

Journée internationale pour les droits des femmes : la putophobie est aussi de la misogynie !

Montréal, le 8 mars 2015,

À l’occasion de la Journée internationale pour les droits des femmes, 45 figures féministes québécoises dénoncent dans un texte collectif « la misogynie latente qui ronge Internet ». Elles ajoutent que « cette violence misogyne prend une consonance particulière quand elle s’exerce avec des accents racistes, islamophobes, xénophobes, transphobes ou lesbophobes ». Nous sommes évidemment d’accord avec elles. Mais nous tenons à souligner deux choses.

En premier lieu, il manque une violence misogyne à cette liste : la putophobie. Or, sur les réseaux sociaux comme ailleurs, le stigmate de la putain est souvent utilisé à des fins sexistes et misogynes. Mais en deuxième lieu, ce qui nous surprend le plus ici, c’est la dénonciation partielle qui est faite des agents de la misogynie. En effet, la misogynie n’est pas l’apanage des masculinistes qui naviguent sur l’Internet. Car s’il on considère que la transphobie, l’islamophobie et la putophobie peuvent être des armes de la misogynie et du sexisme, il s’agit alors de reconnaître aussi qu’une partie non négligeable des féministes sont misogynes. Évidemment cela exige de la réflexivité.

Nous avons pris connaissance de l’avis transphobe de l’organisation « Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec) » à propos de l’application du projet de la loi 35 sur le changement de nom et de mention de sexe. Ce groupe « féministe » qui défend une version ethnocentriste de la laïcité et un modèle unique d’émancipation n’en est pas là à sa première violence : il cumule tout ce qu’il y a de plus abject dans le féminisme néocolonial conservateur. Mais nous en avons personnellement eu l’expérience aussi récemment avec une génération plus jeune de féministes, sur le groupe privé Facebook « Féministes solidaires et en colère », où le flot d’insultes putophobes y régnant a poussé toutes ses travailleuses du sexe féministes à le quitter définitivement.

Alors c’est formidable de dénoncer les misogynes anonymes des réseaux sociaux et de réclamer plus de régulation juridique. Mais l’impact réel de ces trolls sur le sexisme systémique et la misogynie structurelle reste superficiel. Pour combattre ces violences, il serait aussi temps de dénoncer celles et ceux qui, avec leurs pouvoirs académique, médiatique et politique oppressent beaucoup de femmes – surtout lorsque le capital académique, médiatique et politique que l’on détient nous permet d’être entendu.es, écouté.es et respecté.es. À l’image du Collectif du 8 Mars pour ToutES en France, nous avons besoin d’un 8 mars pour TOUTES au Québec !