Journée
internationale pour les droits des femmes : la putophobie est aussi de la
misogynie !
Montréal, le 8 mars 2015,
À l’occasion de la
Journée internationale pour les droits des femmes, 45 figures féministes
québécoises dénoncent dans un texte
collectif « la misogynie latente qui ronge Internet
». Elles ajoutent que « cette violence
misogyne prend une consonance particulière quand elle s’exerce avec des accents
racistes, islamophobes, xénophobes, transphobes ou lesbophobes ». Nous
sommes évidemment d’accord avec elles. Mais nous tenons à souligner deux
choses.
En premier lieu, il
manque une violence misogyne à cette liste : la putophobie. Or, sur les
réseaux sociaux comme ailleurs, le stigmate de la putain est souvent utilisé à
des fins sexistes et misogynes. Mais en deuxième lieu, ce qui nous surprend le
plus ici, c’est la dénonciation partielle qui est faite des agents de la
misogynie. En effet, la misogynie n’est pas l’apanage des masculinistes qui
naviguent sur l’Internet. Car s’il on considère que la transphobie, l’islamophobie
et la putophobie peuvent être des armes de la misogynie et du sexisme, il
s’agit alors de reconnaître aussi qu’une partie non négligeable des féministes
sont misogynes. Évidemment cela exige de la réflexivité.
Nous avons pris
connaissance de l’avis
transphobe de l’organisation « Pour les droits des femmes du Québec (PDF
Québec) » à propos de l’application du projet de la loi 35 sur le changement de
nom et de mention de sexe.
Ce groupe « féministe » qui défend une version ethnocentriste de la laïcité et
un modèle unique d’émancipation n’en est pas là à sa première violence :
il cumule tout ce qu’il y a de plus abject dans le féminisme néocolonial
conservateur. Mais nous en avons personnellement eu l’expérience aussi
récemment avec une génération plus jeune de féministes, sur le groupe privé
Facebook « Féministes solidaires et en colère », où le flot d’insultes
putophobes y régnant a poussé toutes ses travailleuses du sexe féministes à le
quitter définitivement.
Alors c’est
formidable de dénoncer les misogynes anonymes des réseaux sociaux et de
réclamer plus de régulation juridique. Mais l’impact réel de ces trolls sur le
sexisme systémique et la misogynie structurelle reste superficiel. Pour
combattre ces violences, il serait aussi temps de dénoncer celles et ceux qui,
avec leurs pouvoirs académique, médiatique et politique oppressent beaucoup de
femmes – surtout lorsque le capital académique, médiatique et politique que
l’on détient nous permet d’être entendu.es, écouté.es et respecté.es. À l’image
du Collectif du 8
Mars pour ToutES en France,
nous avons besoin d’un 8 mars pour TOUTES au Québec !