jeudi 11 décembre 2014

Communiqué de presse du 6 décembre

Journées d'action contre la violence faites aux femmes : sauf les putes ?

Pour le 6 décembre 2014, l'Action putes et allié.es du Québec (APAQ) se joint à la commémoration du massacre de Polytechnique. 25 ans plus tard, 1 femme sur 3 est toujours victime de violence. Nous sommes solidaires des survivantes et des victimes d’agressions sexuelles et d’agressions tout court. Sauf que toutes les agressions et #AgressionsNonDénoncées ne se valent pas. Sauf que l'actuel statu quo féministe tue des travailleuses du sexe. En effet, du Conseil du statut de la femme (CSF) à la Fédération des femmes du Québec (FFQ), en passant par l'Institut de  recherche et d’études féministes de l'UQAM (IREF), les Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) et la Confédération des syndicats nationaux (CSN), l'intégrité, la sécurité et la dignité des travailleuses du sexe ne compte que lorsque ces dernières sont repentantes ou soi-disant exploitées.

En effet, la majorité des féministes institutionnelles soutiennent la loi C-36 qui va prendre effet ce jour et encourage la stigmatisation et la violence à l’encontre des travailleuses du sexe. Et cela par un soutien actif aux côtés des Conservateurs et des groupes religieux intégristes ; ou un soutien passif par un silence complice. Cela semble plus politiquement correct que d'adopter une position courageuse – non idéologique et pragmatique – sur le travail du sexe, comme celle de l'Institut Simone de Beauvoir.

Pourtant, la pénalisation des travailleuses(rs) du sexe et de leurs client.es est dénoncée par l’ONUSIDA ainsi que par l'Organisation Mondiale de la Santé, le Programme des Nations Unies pour le Développement, l’ONU-Femmes, les Planning familiaux et l’ensemble des associations par et pour les travailleuses(rs) du sexe et des organisations de lutte contre le sida et de santé communautaire. La loi C-36 n'aura aucun effet sur l'exploitation sexuelle, mais au contraire rendra plus invisible la violence qui peut accompagner le travail du sexe, consensuel ou non. Par contre, cela soulagera la bonne conscience des bourgeoises du féminisme d'État qui pourront continuer à se taire sur les violences policières à l'encontre des travailleuses du sexe ou l'exploitation des femmes dans d'autres types de travail.

La FFQ s'est positionnée intelligemment sur la question du foulard islamique : « ni obligation ni interdiction ». Mais elle se fiche de défendre équitablement d'autres femmes stigmatisées du Québec – les travailleuses du sexe – en refusant depuis sa fondation de condamner les violences subies par les travailleuses du sexe à cause de leur stigmatisation et de la pénalisation de leur travail. La FFQ réclame à juste titre une commission itinérante sur les violences faites aux femmes, mais refuse de condamner la loi C-36, les violences qu'elle génère et les vulnérabilités sanitaire et sociale qu'elle exacerbe.

Julie Milville-Dechêne, présidente du CSF, déclare à propos de la loi C-36 dans l'émission Les francs-tireurs qu'« on ne fait pas des lois pour une minorité [de travailleuses du sexe non-exploitées] ». Les femmes migrantes et autochtones, la minorité d’un tiers des femmes victimes de violence, ou encore la minorité francophone canadienne et toutes les minorités en général peuvent se le tenir pour dit ! Alors même qu’aucune statistique fiable ne permet d’affirmer que les travailleuses du sexe exploitées sont majoritaires, le CSF piétine les Chartes des droits et libertés par pur aveuglement idéologique. Le CSF sacrifie les travailleuses du sexe adultes et consentantes sur l’autel du fondamentalisme religieux et du féminisme carcéral qui ne protègera même pas celles qui sont réellement exploitées.

Parce qu'il est absolument injuste que les travailleuses et les travailleurs du sexe soient exposé.es à la violence symbolique des féministes abolitionnistes en plus de la violence des mauvais clients, des agresseurs, de la police et de celle de l'État qui leur interdit de travailler en sécurité et en santé… Pour l'APAQ, une seule solution : libérer le (travail du) sexe du patriarcat et du féminisme d’État !


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National Day of Remembrance and Action on Violence Against Women:
Unless You're a Sex Worker

On the 6th of December 2014, l'Action putes et allié.es du Québec (APAQ), joins in the commemoration of the Polytechnique massacre. Twenty-five years later, one woman in three is still a victim of violence. We stand in solidarity with survivors of sexual violence and all forms of aggression. However, not all forms of violence and #AgressionsNonDénoncées are the same and today's feminist status quo kills sex workers. From the Council on the Status of Women (CSF) to the Quebec Federation of Women (FFQ), including the Institute for Research and Feminist Studies at UQAM, the Centres to Assist and Fight Against Sexual Assault (CALACS), and the Confederation of National Unions (CSN), the well-being, dignity, and security of sex workers only counts when they repent or are supposedly being exploited.

The majority of institutional feminists support Bill C-36. This law goes into effect today and only further stigmatizes and perpetuates violence against sex workers of all genders. Such feminists actively support the Conservatives and religious fundamentalists, or passively support them through complicit silence. They prefer political correctness to a courageous stancenon-ideological and pragmatic—like that of the Simone de Beauvoir Institute.

Yet penalizing sex workers and their clients has been denounced by the United Nations Program on AIDS, the World Health Organization, the United Nations Development Program, UN Women, and many community organizations working on public health, family planning, and HIV/AIDS, not to mention organizations by and for sex workers. Bill C-36 will have no effect on ending sexual exploitation, but to the contrary, will make the violence that can accompany sex work more invisible, consensual or not. This law only eases the conscience of bourgeois anti-sex work state feminism which remains deafeningly silent about police violence against sex workers and the exploitation of women in other lines of work.

The FFQ positioned itself thoughtfully on the issue of the Islamic headscarf in Quebec society: "no obligation or prohibition." But since its foundation, the FFQ has not bothered to equally defend other stigmatized women in Quebecsex workers. They refuse to condemn the stigmatization and criminalization of sex work, which directly perpetuates violence against sex workers. The FFQ rightly calls for a touring commission on violence against women, but refuses to condemn Bill C-36, the violence it generates, and the health and social vulnerabilities it exacerbates.

CSF President Julie Milville-Dechêne, while discussing Bill C-36 on Les francs-tireurs, declared "one does not make laws for a minority [of non-exploited sex workers]." A few other minorities better get that straight: migrant and indigenous women, the one third of all women who are statistically victims of violence, and why not Canadian francophones and all other minorities—laws are not made to protect you! Even though no reliable statistics prove that exploited sex workers are the majority, CSF's ideological blindness tramples the Charters of Rights and Freedoms. The CSF sacrifices consenting adult sex workers on the altar of religious fundamentalism and carceral feminism that won't even protect those who are actually exploited.

Because it is absolutely unjust that sex workers are constantly exposed to the symbolic violence of anti-sex work feminists in addition to violence at the hands of bad clients, aggressors, police, and the State that prevents them from working safely... For APAQ, there is only one solution: liberate sex (work) from the patriarchy and state feminism!